Aujourd’hui, tout le monde a peur. Sauf Godard. Voilà l’une des vérités de sa petite démonstration cinématographique. Pamphlet politique et engagé pour les uns, essai irritant et pathétique pour les autres, ADIEU AU LANGAGE les confrontent à leur égalité : celle où ils font caca. Odieux adieux.
« Je suis là pour vous dire non et pour mourir »
Bricolant lui-même une captation en 3D, Jean-Luc Godard compose un film dont le montage n’est que collage et explosion. Comme son titre l’esquisse, le film soulève une question : déconstruire le langage cinématographique conduit-il à une nouvelle forme de langage ? Aussi le réalisateur triture sa matière – visuelle et sonore – permettant aux uns de se masturber et torturant proprement les autres.
L’ouverture du film semble ludique. Le travail sur la 3D met alors en perspective l’effet par rapport à la « platitude » de la 2D. Plus que de faux raccord il est rapidement question de pas de raccord du tout. Le son est mis à mal entre l’inaudible et le hurlement. La mise en scène et l’écriture sont artificielles, démonstratives et morcelaires. La photographie devient juron. Si le programme du film est limpide, « l’essai d’investigation littéraire » auquel convie le réalisateur est des plus tortueux.
La cacophonie est générale tandis que la dynamique de cadrage est déplorable. Comme si Godard, qui matraque sans relâche la suprématie de son regard, cherchait à rendre aveugle le spectateur – celui qui est (et restera) sourd à son discours. Adieu. Ah Dieux. Ah ah. Ah.
ADIEU AU LANGAGE
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Réalisation : Jean-Luc Godard
France / Suisse – 2014 – 70 min
Distribution : Numéro Zéro
Expérimental (3D)
Cannes 2014 – Compétition Officielle
Film Fest Gent 2014 – Cinéma français
Mise en ligne initiale le 22/05/2014